Le DCF, Discounted Cash Flow

Le DCF, Discounted Cash Flow

Aujourd’hui, nous rentrons dans le dur de la finance.
Enfin, une des parties plus calculatoires de la finance d’entreprise.

Pour autant, tout à chacun en tant que dirigeant, cheffe d’entreprise, conseiller dans la vente ou l’achat d’une entreprise (avocat, juriste, ingénieurs …) peut être amené un jour ou l’autre à voir un tel tableau :

Le DCF pour les intimes, le Discounted Cash Flow pour le dire en entier et, comme nous sommes dans un texte en Français, le flux de trésorerie disponible actualisé. Notez au passage, que disponible est au singulier car c’est la trésorerie qui l’est et non les flux 😉

Allez, je ne résiste pas à la tentation de vous faire une image d’un DCF.

A quoi sert-il ? 

Popularisé dans les années 80, 90, et bien aidé par les tableurs type Excel, cette méthode permet en suivant une logique de calculer la valeur d’une société. Pour le dire avec les mots de tous les jours :

“Si vous voulez vendre votre entreprise, nous estimons que la fourchette de sa valeur est de 1,75 à 2.2 millions d’euros.”

Notez bien ici que je parle de valeur et non pas du prix de l’entreprise.

Quelle logique derrière ? Qui le et comment il se construit ? 

La logique derrière ce tableau est que la société a une valeur qui est à la fois celle créée historiquement mais également tire une valeur de tout ce qui sera créé par elle dans les années à venir.

Le DCF est construit par le financier qu’il soit interne à l’entreprise ou externe.

Pour qu’il puisse faire un travail de qualité, il doit suivre plusieurs étapes :

  • La 1ère est celle de connaître parfaitement l’entreprise qu’il va évaluer. La manière la plus certaine d’arriver à cette connaissance est de réaliser une analyse financière sur les 3 (5 idéales) dernières années passées de votre société, en retraitant les postes comptables. Toute évaluation (mais je n’ose imaginer qu’un évaluateur puisse vous rendre un travail d’évaluation sans avoir fait au préalable une analyse financière, si c’est le cas, demandez-lui … ou faites la faire par une autre personne ;-)) repose sur la situation passée, actuelle de la société;
  • la 2ème est la construction du business plan sur 3, 5 voire 7 années. C’est un travail à la fois sur le plan stratégique et sur le plan financier de l’évolution des résultats de l’entreprise. A ce niveau, de multiples hypothèses sont mises en avant et parmi toutes ces hypothèses, il faudra choisir celles qui paraissent le plus correspondre à l’avenir de l’entreprise. Autant dire que la qualité de ce travail s’affirme à travers la justification des choix de ces hypothèses, tout en sachant qu’elles restent ce qu’elles soient : des pourcentages, des chiffres dont la réalité n’est pas certaine.
  • La 3ème est celle, non moins compliquée, de la détermination (entre autres) :
    • du bêta : c’est le risque exprimé entre, disons 0 et 2, de l’actif économique de votre entreprise
    • du coût du capital (pour l’expliquer en deux mots et sans rentrer dans le détail – on part sinon sur plusieurs heures d’explication -) c’est le coût du financement de l’ensemble de ce que vous utilisez dans votre entreprise pour réaliser le résultat de celle-ci; à bien distinguer du coût de la dette financière;
    • du taux de croissance à l’infini;
    • du taux de rentabilité du marché

Autant vous dire que déterminer ces données nécessite une parfaite connaissance du marché, du secteur, des risques, de la situation financière de l’entreprise. 

Nous ne rentrerons pas plus en avant dans la description du DCF. 

Comment l’interpréter ?

Le DCF repose sur plusieurs hypothèses et comme toutes les hypothèses, certaines vont se vérifier dans l’avenir et d’autres non.

L’interprétation du DCF repose donc sur deux approches :

  • le jugement critique (dans le bon sens du terme 😉 ) de ces hypothèses
  • et surtout à travers l’étude des sensibilités.

Et nous nous arrêtons sur l’étude des sensibilités des hypothèses.

En effet, tout bon DCF ne peut se faire l’économie de l’étude des variations des données que sont le coût du capital, le taux de croissance à l’infini, le taux de rentabilité du marché .. etc.

Il n’est pas illogique de penser qu’un DCF réalisé juste avant la pandémie de la Covid-19 a dû être refait totalement en prenant en considération cette nouvelle situation. Personne n’a imaginé ne serait-ce quelques semaines avant, les répercussions de l’arrêt de l’économie mondiale.
Alors l’étude des sensibilités n’a pas pour objectif de prendre en considération de telles modifications mais elle permet de faire varier les hypothèses (les inputs) qui ont permis de construire le DCF et donc d’émettre une opinion sur la valeur d’une société.

Ces variations sont à la hausse comme à la baisse. Et, dans notre rapport d’évaluation (eh oui, nous fournissons un powerpoint explicitant tout notre travail et surtout le résultat de celui-ci 🙂 ) nous présenterons une fourchette d’évaluation sous la forme d’un football field et dans un commentaire qui pourrait être celui-ci :

“par la méthode du DCF et étant donné l’étude de sensibilité sur le coût du capital, la croissance à l’infini, le taux de marché (…), reposant sur les évolutions économiques suivantes (…), la valeur de votre société est estimée dans la fourchette de (…)”

Et après ? 

Le financier a réalisé le DCF. Il vous le présente. 

Faut-il prendre ce tableau pour argent comptant ? 

Le DCF est avant tout une méthode qui permet d’appréhender une réalité présente, future sur la base d’hypothèses mûrement réfléchies. 

Le DCF vous donne une fourchette de valeurs et NON le prix de votre société. 

Pour paraphraser un grand investisseur américain  

“Quelle est la véritable valeur de votre entreprise ? 
C’est le chiffre qui sera écrit sur le chèque”

En d’autres termes, c’est le prix qui sera négocié entre les deux parties, le vendeur et l’acheteur. 

Est-ce pour toutes les entreprises ? 

Non ! Et là je vous renvoie à mon précédent article, traitant des startups. 

En fait, pour construire un DCF, il faut des données comptables et des données comptables avec des résultats positifs, au risque de présenter une valeur négative de l’entreprise (eh oui !)

Et, de plus, il faut se méfier des business plans trop optimistes, montrant, sans démonstration au niveau de la production, de l’attraction clientèle, du positionnement des produits et/ou des services …, que le CA pouvait poser de quelques milliers d’euros à 100 millions d’euros en cinq ans ! 

Conclusion 

Le DCF est un moyen de calculer la valeur de votre société. 
Ce n’est pas le seul moyen. 
Tout bon dossier d’évaluation de votre société reposera sur plusieurs méthodes d’évaluation. 

Il y a encore beaucoup à dire sur le DCF.

Cet 1er article pourra être suivi de deux autres problématiques, questionnements propres au DCF : 

1° la méthode du cash flow fade

2° est-ce que la valeur déterminée par le DCF est pré ou post-money (avant ou après une levée de fonds) ?