SWOT : pas si facile que cela

SWOT : pas si facile que cela

Qui n’a jamais réalisé un SWOT dans sa vie professionnelle ? 

Ultra connue, cette matrice d’analyse a été créée, dans les années 60 par un chimiste, devenu par la suite expert dans le domaine de la planification de stratégie d’entreprise et dans l’accomplissement de stratégie, j’ai nommé : Albert Humphrey. 

Son nom d’origine est SOFT pour Satisfactory, Opportunity, Fault, et Threat. Deux appellations sur quatre seront gardées et deux autres modifiées : Satisfactory par Strengths et Fault par Threats. 
Notons également que les appellations sont désormais au pluriel. 

Alors il peut sembler assez simple de remplir un SWOT. Que nenni ! 

Plusieurs pièges guettent les usagers de cette matrice : 

  1. Identification des vraies forces et faiblesses : Il peut être difficile de distinguer les véritables forces et faiblesses internes, surtout sans une analyse objective. Les préjugés personnels et organisationnels peuvent influencer cette évaluation.
    Ah ces biais cognitifs ! Ah cette objectivité qui s’étiole si rapidement ! 

  2. Difficulté à prévoir les opportunités et menaces : Anticiper les opportunités et menaces externes requiert une compréhension approfondie de l’environnement d’affaires, qui est en constante évolution. Cela nécessite une veille stratégique et une analyse de marché continuelle.
    Donc un SWOT évolue et donc est daté, pour évoluer par la suite. Un SWOT non daté n’est pas “finalisé”.

  3. Séparation claire entre les catégories : Il peut y avoir des chevauchements entre ce qui est considéré comme une force ou une opportunité, ou entre une faiblesse et une menace. Cela peut rendre difficile la classification précise.
    Répondre à la question : est-ce interne ou externe à l’entreprise ? peut aider. Mais que de fois, faisant un SWOT à plusieurs, nous n’avons pas été d’accord sur les réponses.

Au-delà de sa mise en oeuvre, le SWOT a ses propres limites : 

  1. Manque de quantification : La matrice SWOT est qualitative et peut manquer de la précision quantitative nécessaire pour certaines décisions stratégiques. Sans métriques claires, il peut être difficile de prioriser les actions.

  2. Surcharge d’informations : Il peut y avoir une tendance à inclure trop d’éléments dans chaque quadrant, ce qui rend la matrice encombrée et moins utile pour la prise de décision.

  3. Tendance à se concentrer sur le présent : La matrice SWOT peut parfois se concentrer trop sur la situation actuelle sans prendre en compte l’évolution potentielle des forces, faiblesses, opportunités et menaces.

  4. Subjectivité : La subjectivité dans l’évaluation des éléments peut conduire à des analyses biaisées, surtout en l’absence de données concrètes.

  5. Passage à l’action : Même avec une analyse SWOT bien définie, passer de l’analyse à l’action stratégique peut être compliqué sans un plan clair.

Pour surmonter ces complications, il est souvent recommandé de s’appuyer sur des données objectives, de mener des analyses de marché et de la concurrence, et d’utiliser des outils complémentaires comme l’analyse PESTEL (que nous verrons dans un article à venir) pour une compréhension plus large de l’environnement externe.

Inclure diverses perspectives au sein de l’équipe lors de l’élaboration de la matrice peut également aider à réduire les biais et à couvrir une gamme plus large d’opinions et d’expériences.

A bon entendeur : le SWOT ne se suffit pas à lui-même, voire mal ficelé peut avoir peu de crédibilité !

Sous son apparence de simplicité, se cachent quatre carrés pas si facile à remplir. 

Cela ne doit pas nous empêcher d’en faire !